Mardi 29 décembre 2009 2 29 /12 /2009 15:31
Copenhague 103

En 2007, au lendemain du sommet sur le climat qui s'était tenu à Bali, j'avais écrit une tribune qui commençait par cette réflexion un peu désabusée : "pourquoi faire le jour même ce que l'on peut remettre au lendemain ?"
Je ne pouvais imaginer que deux ans plus tard, alors que les opinions mondiales s'étaient entre temps mobilisées comme jamais auparavant autour de l'enjeu climatique, cette réflexion serait encore d'actualité. Et pourtant....

A l'entrée du port de Copenhague, sur un calicot, "Greenpeace" avait résumé en quelques mots l'attente des peuples : "les politiciens parlent, les leaders agissent !"
Au vu des résultats, il semble que les paroles - et surtout les silences - l'aient emportés sur l'action.
Compte-tenu de l'enjeu, il était impératif que les 192 chefs d'Etats et de gouvernements présents à Copenhague adoptent un comportement et un discours "extra-ordinaire". L'exercice était périlleux puisque pour la première fois on allait leur demander de prendre des mesures difficiles, courageuses - et parfois même impopulaires - dont les principaux résultats surviendraient à une époque où, pour la plupart d'entre eux, ils auront quitté le pouvoir et n'en tireront par conséquent aucun bénéfice personnel. Il fallait qu'ils rompent avec des années d'égoïsme et d'aveuglement et fassent preuve d'altruisme en pensant aux générations à venir. Au lieu de cela, tous ou la plupart se sont cantonnés dans des postures"ordinaires", incapables de dépasser leurs enjeux nationaux respectifs. Incapables de voir que leurs rêves de croissance à court et moyen terme seront balayés si la trajectoire mondiale des températures de la planète aboutit à un réchauffement supérieur à 2°C, rendant irréversibles des désastres qui coûteront bien plus cher aux Pays riches que les efforts qu'ils refusent de consentir aujourd'hui pour aller vers une utilisation plus "sobre" des ressources de la planète. Selon WWF et l'Organisation de coopération et de développement économiques, la valeur des biens menacés par la montée des mers en 2050 pourrait atteindre 18 700 milliards de d'euros dans les 136 villes portuaires de plus d'un millions d'habitants.
Comment se glorifier que le texte final, d'à peine deux feuillets et même pas voté par la conférence des Nations Unies, mentionne que tous les Pays s'accordent sur la nécessité de contenir en deçà de 2°C le réchauffement de la planète d'ici 2050 si, dans le même temps, ces mêmes Pays refusent d'inscrire dans ce texte la seule mesure contraignante qui permettrait d'atteindre cet objectif, c'est à dire la réduction des émissions mondiales de gaz à effets de serre de 50% d'ici 2050 (ce qui devrait se traduire pour les Pays industrialisés par une réduction de 80% à 95% d'ici 2050 par rapport à 1990 !)
De la même manière qu'aucune leçon sérieuse ne semble avoir été retenue de la grave crise du capitalisme que nous venons de connaître, et dont les plus pauvres subissent encore les conséquences, le très large consensus des scientifiques, le prix Nobel attribué en 2008 au GIEC pour ses travaux sur le climat, n'auront donc pas suffi à des dirigeants de plus en plus déphasés avec les citoyens du Monde.

La France, l'Union Européenne ne sont pas exemptes de reproches. Certes, Jean-Louis Borloo a été l'artisan sincère d'une volonté, faite de convictions réelles et d'une vision à long terme. Et j'imagine, derrière les mots d'espoir qu'il a prononcé au lendemain de Copenhague, sa déception ainsi que celle des équipes qui autour de lui ont travaillé sans relâche pendant deux ans pour parvenir à un succès historique. Quand à Nicolas Sarkozy, comme souvent, comme pour la crise financière, on se demande si sa diplomatie erratique et solitaire (une fois avec Lula, une fois avec les Pays africains et...tout seul à la fin !) n'avait pas comme seul et unique objectif l'opinion publique française. Comme toujours, même si à la fin c'était un échec, il fallait qu'on puisse lui reconnaître d'avoir "mouillé sa chemise" et de ne pas être responsable de l'échec des autres...

Bien sûr, dans un an, il y aura le sommet de Mexico. Et celui de Bonn dans six mois. Mais reconnaissons que la dynamique optimiste qu'avait suscité le rendez-vous de Copenhague est aujourd'hui brisée. Et que nul ne sait si c'est le découragement, ou la révolte, qui l'emportera chez ces ONG, ces scientifiques et ces peuples qui se sont si admirablement mobilisés pour que le bon sens et l'intérêt général triomphent enfin des égoïsmes anciens.
Pendant cette année 2010, c'est à l'Europe de reprendre la main. A elle de dire ce qu'elle aurait déjà dû dire à Copenhague : un engagement unilatéral et irrévocable à baisser ses émissions de gaz à effets de serre de 40% en 2020 par rapport à celles de 1990.

Si l'on ne veut pas que Copenhague n'ait servi à rien, c'est maintenant que l'espoir doit renaître.
Par Député, Président du Conseil Général du Gers - Publié dans : DEVELOPPEMENT DURABLE
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Commentaires

monsieur le député,
je ne savais comment répondre. je viens de lire votre compte rendu. et bien je sais qu'il y a encore bien des combats à mener. vous êtes notre "boss" et je ne doute pas que nous serons avec vous. bien de bonnes salutations .
avec toute mon estime nicole
Commentaire n°1 posté par nicole il y a 5 jours à 17h40
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